Air Austral
En sauvant Air Austral, fierté réunionnaise, l’État crédibilise son rôle partenarial dans l’océan Indien
Il ne s’agit pas seulement de sauver un millier d’emplois directs ou indirects. Il ne s’agit pas non plus de sauver une entreprise réunionnaise en oubliant celles – trop nombreuses – exclues du « filet salvateur » de l’État dans la pandémie.
Alors s’agit-il de sauver un symbole identitaire, celui de notre succès à l’international encore présent dans l’ile, quand tant d’entreprises réunionnaises ont dû renoncer ou ont été avalées par la mondialisation ?
Air Austral n’est pas une compagnie aérienne comme les autres !
Il s’agit bien d’un fleuron de l’économie réunionnaise issu d’une forte implication publique, la SEMATRA (où la Région est majoritaire). Souvenons-nous : elle était passée devant Air France dans la desserte de notre île. La compagnie soutenue par son public réunionnais paraissait bien ancrée dans sa part de marché. Quelle fierté de voyager par Air Austral ! Nous avions conquis notre désenclavement par les cieux !
Alors que s’est-il passé ? Quand et pourquoi la compagnie a-t-elle reculé, avant ou à cause de la pandémie ? La pandémie est-elle vraiment la cause de la déconvenue de notre fleuron ou bien le révélateur de choix stratégiques antérieurs « perdants » voire suicidaires ?
Où sont passées les centaines de millions d’euros abondés par La Région jusqu’en 2020 ? Y a-t-il eu gabegie, dépenses somptuaires avec la certitude que le public, la SEMATRA, abonderait financièrement encore et toujours tous les déficits ? La Région a prévenu, comme pour la NRL : elle ne le pourra plus !
Air-Austral : un sursaut de patriotisme économique inconditionnel ?
Alors qu’à cet appel je sondais mes économies, une main bien informée a retenu la mienne. Car ceux qui vont prendre les décisions aujourd’hui ne vont-ils pas allonger la longue liste des erreurs déjà faites ? Les actionnaires publics et privés, comme tous les Réunionnais derrière la SEMATRA, ont droit à une explication sur la gestion des dirigeants d’Air Austral, et sur leurs responsabilités. Pourquoi n’y a-t-il eu aucune alerte publique sérieuse auparavant, avant le point de non-retour ?
Comment le ministre Olivier Dussopt a-t-il pu évoquer au parlement une « fragilité structurelle » d’Air Austral sans nous dire laquelle ?! Quelle fragilité pouvait bien avoir une compagnie qui était passée devant Air France ?
Nous demandons un audit de la situation de la compagnie avant covid.
Monsieur le ministre, ce qui est en cause n’est pas la fragilité structurelle d’une compagnie aérienne passée devant Air France !
ATR-Fnaut rejoint naturellement l’unanimité politique (Région, Département, élus de tous bords) et syndicale ainsi que la plupart des Réunionnais pour exiger de préserver :
- la maîtrise de notre désenclavement par la compagnie réunionnaise Air Austral
- l’accès des voyageurs à une offre diversifiée et équilibrée des compagnies concurrentes
- notre savoir-faire et notre économie, en sauvant les milliers d’emplois directs et indirects
Comme le dit la Présidente de la Région : « Le gouvernement doit aider Air Austral comme il l’a fait pour Air France et pour Corsair. Le soutien de l’État doit être à la hauteur de l’enjeu. Il faut des moyens exceptionnels. » Plusieurs centaines de millions d’euros en prêt garanti par l’Etat (PGE) et en abandon des dettes. Plutôt que le « prix de l’amour que l’on nous porte », c’est la vision partenariale à long terme de l’Etat pour la France et pour La Réunion et dans l’océan Indien qui sera observée immanquablement.
L’État doit voir dans ces appels unanimes à la maîtrise de notre désenclavement, la réalité éclatante de la convergence des intérêts de notre île et de ses intérêts régaliens, au cœur de l’océan Indien du 21e siècle.
Pour ATR-FNAUT, le Président, François PAYET